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« Le sommeil n'est pas toujours de tout repos ... »

Par le Dr Gérard de Bataille, Conseiller Médical de la Mutuelle Saint-Martin

 

Le temps de sommeil représente environ 1/3 du temps de notre vie. Il témoigne de nos bio rythmes et représente une « activité » humaine et indispensable à la vie.

 

Sommeil et physiologie

Le continuum veille/sommeil a une architecture spécifique et propre à chaque individu. Il est constitué de cycles se répétant 4 à 6 fois au cours d’une nuit, chacun étant formé de 2 types de sommeil :
Le sommeil lent : d’abord léger puis profond « corps et cerveau au repos »
Le sommeil paradoxal « corps au repos, cerveau aussi actif qu’en état d’éveil», activité illustrée en partie par les rêves.

 

Le sommeil a un rôle fondamental dans la gestion de l’information, de la mémorisation et du contrôle émotionnel.

 

La régulation du sommeil est le résultat d’une interaction entre :
Le processus homéostatique (proportionnel à la durée de la période d’éveil),
Le processus circadien (horloge biologique interne),
La température (corrélation entre le rythme et la variation de température, et le rythme veille/sommeil),
La mélatonine : hormone secrétée au niveau du cerveau pendant l’obscurité (rythme circadien) et saisonnier, inhibée par la lumière, sa fonction étant de renseigner l’organisme sur l’alternance jour/nuit,
Interviennent également des neuromédiateurs tels que la sérotonine, l’acétylcholine …

 

BON À SAVOIR
Il existe différents tests du sommeil. Les phases et cycles du sommeil peuvent être enregistrés à l’aide d’un hypnogramme. L’écriture d’un agenda du sommeil peut aider votre médecin à mieux cerner vos troubles.
Avec l’âge, même si la « bonne ou mauvaise nuit » reste une notion individuelle et souvent subjective, on peut constater des modifications physiologiques.

 

Un sommeil qui évolue avec l’âge

 

Dès la naissance, le sommeil du nouveau-né est double : sommeil « calme » (nouveau-né immobile, respiration régulière, quelques rares sursauts…) et sommeil « agité » (mimiques du visage, respiration irrégulière…) ; le sommeil est déjà propre à chacun de 13 à 20h par jour.

À l’adolescence, le sommeil « agité » devient le sommeil paradoxal :
la périodicité jour/nuit se met progressivement en place ; il existe déjà des « courts et des longs dormeurs, des couche-tôt, des lève-tôt, des couche-tard, des lève-tard ». Les horaires liés à la scolarisation peuvent interférer. Les besoins restent importants et l’adolescent est souvent en déficit chronique de sommeil.

À l’âge adulte, le sommeil se « fixe » dans une organisation propre à chacun et relativement « rigide ». Le sommeil paradoxal (environ 1/5 de la nuit) est privilégié après minuit et la phase de sommeil lent/profond est importante à connaître et à respecter avant minuit.

Avec l’avancée en âge, le sommeil est plus fragmenté, plus léger et instable. Les éveils sont plus fréquents dans la deuxième partie de la nuit, ce qui donne souvent l’impression « d’avoir mal dormi ». Le sommeil lent/profond diminue, le sommeil paradoxal est longtemps conservé avant de diminuer également.

 

Les facteurs pouvant influencer votre sommeil
Devant un trouble du sommeil, il faut objecter ce qui est en rapport avec l’évolution du sommeil avec l’avancée en âge, ce qui est en relation avec une cause extérieure au sommeil ou une affection du sommeil proprement dit.

 

Causes

 

Plusieurs causes peuvent être à l’origine :

 

Modification des synchronisateurs externes

• Modification ou arrêt des obligations professionnelles ou sociales
• Institutionnalisation
• Isolement social
• Faible exposition à la lumière
• Durée excessive du temps passée au lit
• Sédentarité
• Comorbidités médicales
• Douleurs articulaires, musculaires…
• Insuffisance cardiaque ou/et respiratoire
• Troubles digestifs hauts (reflux gastro oesophagiens… ) ou bas (troubles du transit…)
• Mycturie en relation avec un adénome de la prostate ou prise excessive de boisson après 21h
• Maladie dégénérative (maladie de Parkinson, d’Alzheimer…)
• Anxiété, dépression, deuil…

 

Iatrogènes

• Psychotropes : antidépresseur, benzodiazépine, neuroleptique
• Antiépileptique
• Alcool, caféine…

 

Pathologies propres au sommeil

• Syndrome d’apnée du sommeil
• Syndrome des jambes sans repos
• Troubles du comportement lié au sommeil paradoxal

 

Sommeil en fin de vie

On note souvent une hyper somnolence chez les personnes les plus dépendantes et les plus polypathologiques avec une désorganisation du rythme veille/éveil ; hypo métabolisme «automatique » permettant ainsi de mettre au repos des fonctions coûteuses pour préserver les fonctions vitales ; sorte de « délestage » progressif des fonctions « coûteuses » au bénéfice de la vie jusqu’à sa fin naturelle.

 

Sommeil et syndrome démentiel

On note le plus souvent des éveils multiples, une inversion du rythme nycthéméral ; des décalages par rapport aux synchronisateurs externes, une altération des sécrétions hormonales (mélatonine…), des modifications des rythmes circadiens et des activités diurnes…

 

Nos recommandations : Vous pensez avoir un trouble du sommeil ? Parlez-en à votre médecin traitant pour différencier ce qui relève d’une pathologie, d’une iatrogénie, d’une évolution normale du sommeil avec l’âge.

 

L’hypnotique « idéal » n’existe pas et une prescription pour de courtes durées doit être limitée aux indications précises telles que préconisées par le médecin traitant. Maintenez une régularité (lever/coucher) et réduisez la durée de la sieste (inférieure à 60 mn). De même, il est important de conserver une régularité dans les horaires de vos activités et de vos repas, vos repères sociaux et temporels.

 

Evitez la caféine, la nicotine, le thé, l’alcool… avant le coucher ; ainsi que les activités cognitives ou physiques intenses après 19h. N’utilisez le lit que pour le sommeil et non pour lire ou regarder la télévision ; couchez-vous uniquement lorsque vous ressentez le besoin de dormir.
Si vous ne pouvez pas vous endormir ou vous rendormir au bout de 10 mn, il est préférable de vous lever.

 

Favorisez l’activité physique et l’exposition solaire dans la journée ; respectez l’environnement nocturne (obscurité, silence, température…).
Surveillez l’état et la qualité de votre literie, surtout si vous êtes sujet aux lombalgies ou aux rachialgies chroniques.

 

 

LEXIQUE 

Neuromédiateurs : substance chimique fabriquée par l’organisme et permettant aux cellules nerveuses (neurones) de transmettre l’influx nerveux (exemple sérotonine et acétylcholine)
Comorbidités médicales : maladies qui s’ajoutent à une maladie initiale. Pour donner un exemple, le diabète est une maladie présentant une forte comorbidité : il est fréquent que d’autres maladies y soient associées.
Nycturie : miction importante la nuit
Adénome de la prostate : tumeur bénigne de la prostate
Synchronisateurs externes : température, luminosité, rythme de travail…
Iatrogène : se dit d’un trouble, d’une maladie provoqués par un acte médical ou par les médicaments, même en l’absence d’erreur du médecin
Rythme nycthéméral : cycle biologique de 24 heures
Rythme circadien : rythme qui est défini par l’alternance entre la veille et le sommeil